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Quand elle coule, la rivière de sang chaud


Lundi 4 janvier. Ça y est, on a franchi la passerelle pour nous conduire en 2016.

Je dis bien une passerelle. Pas un pont. On n'a pas fait un si grand pas : on a juste changé de calendrier.

Jean-Claude Juncker, le président de l’exécutif européen, se dit sans illusion sur l'avenir _ ou plutôt _ le devenir de l'Europe. Tant l'Europe en tant qu'institution toussote, tousse, suffoque et se noie. Et en fait, si les Européens manquent d'air, l'Europe _ l'institution _ n'en manque pas, elle, à toujours donner des leçons de savoir-vivre et d'économie _ surtout de savoir-vivre économique, soyons honnêtes _ aux peuples des pays qui la composent. Les technocrates ne manquent pas de culot.

Jean-Claude Juncker ne se fait pas d'illusion sur l'Europe parce qu'il s'attend à un nouveau défaut de paiement de la part de la Grèce. Si Jean-Claude Juncker, du haut de sa fonction de Président de l'Union européenne qui JUSTIFIE (!!!) un salaire mensuel (hors avantages divers en nature) de 50.000 euros, dit que ça va mal, c'est que ça va mal. Il s'aperçoit enfin, du haut de ses 50.000 euros mensuels, que la Grèce est dans la panade. Ouf ! Enfin !

Quelles solutions envisage-t-il pour sauver la Grèce (quak !) et _ surtout _ l'Europe (oups !) et _ par-dessus tout _ les banques qui financent la Grèce ? A-t-il compris que le remède achève le malade ? Que les mesures d'austérité qui ont plongé le pays dans la misère n'avaient aucune chance de l'en sortir ? Que plus on enfonce le clou, plus la plaie saigne ?

Il y a eu un précédent, en 2011, avec l'Espagne. Malgré le mutisme des médias au sujet de l'Espagne, en Espagne, c'est la misère. Les gens n'ont plus aucun espoir ni aucune possibilité de s'en sortir. Il est clair que les médias européens, pour la plupart, préfèrent nous faire croire que l'Europe, c'est le pays des Bisounours et que tout baigne, que nous allons enfin renouer avec la croissance et patati et patata. Mais pas du tout. Ils se foutent de notre gueule. Nous _ le peuple _ savons très bien que nous sommes dans la merde. Et nous savons très bien que si nous sommes dans la merde, c'est parque que les Etats dépendent des marchés financiers, que ce sont les marchés financiers qui gouvernent _ et bousillent _ la planète et que nous leur refilons tout notre pognon. Donc, dans ces conditions, l'investissement, les créations d'emploi, l'écologie, l'éducation, la santé, franchement, c'est du pipeau : on n'a plus une tune et on n'en aura plus jamais. L'Europe, c'est le tonneau des Danaïdes et c'est comme ça parce que les technocrates le veulent bien.

Jean-Claude Juncker brandit encore une fois la menace de la désagrégation de l'Europe en cas de défaut de paiement de la Grèce. Et alors ? Franchement, qui s'en soucie encore de l'Europe ?

La grosse erreur a été le passage accéléré à l'euro qui a entraîné illico presto l'augmentation des prix. 1 franc = 1 euro du jour au lendemain. Les salaires n'ont pas été multipliés par 6,55957 frans. Ça a été la plus grosse connerie des technocrates : les prix ayant augmenté de façon pharamineuse rien que pour l'essentiel, nous avons tous dû nous passer de toutes ces petites choses que nous achetions à côté, de ces petits extras que nous nous offrions, un disque, un bouquin, un resto, un cinoche, une paire de pompes, une paire de jean's... Des produits qui, ne trouvant plus preneur, n'ont plus besoin d'être fabriqués en si grande quantité. Il a fallu produire moins. Tous ces petits achats que nous effectuions sans y penser, qui allaient de soi, maintenaient des emplois. Des emplois dans l'industrie, l'artisanat, les services, le commerce. S'est ajoutée à cela l'augmentation des loyers, des factures. La vie n'a jamais été aussi chère et les gens aussi mal payés. Comment voulez-vous que ça fonctionne ?

Alors, si l'Europe se désagrège, ça va toucher qui ? Idéologiquement, pas grand monde excepté les européistes convaincus.

Mais en fait, quelles pourraient être les conséquences de la désagrégation de l'Europe ? Je me pose quand même une question. Parce qu'à la façon dont s'entendent _ ne s'entendent pas _ les pays européens en étant "unis" (très gros guillemets), j'ai bien peur que nous ne nous tapions tous sur la gueule dès que les Etats auraient repris leur souveraineté.

Enfin, moi, je dis ça comme ça , mais quelque part, j'y pense.

C'que c'est beau Quand elle coule La rivière de sang chaud (Noir Dès)

Cris SanFran

Barb'art. Tue-mouche.
Cris SanFran. Gégène. 
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